Avant-propos et Introduction — Ensemble Paroissial Saint-Joseph en Velay

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Avant-propos et Introduction

 

Avant-propos


Une fois la licence d’histoire en poche, je comptais bien faire mes premiers pas dans la recherche. Dans mon esprit, l’année de maîtrise permettait de mettre concrètement en application la méthode historique et les savoirs que j’avais acquis après trois ans passés à l’université Jean Monnet de Saint Etienne. Le mémoire de maîtrise constitue le premier stade d’initiation à la recherche et doit prendre en compte plusieurs données : la disponibilité en sources aisément accessibles et le fait que la durée de la recherche s’étale sur une année universitaire.

Deux sources de motivation me poussaient à consacrer l’année 2002 à la réalisation d’un mémoire de maîtrise : l’envie de travailler à partir de documents archivistiques et la volonté de joindre à mon travail un intérêt personnel.
Au départ je voulais approfondir le passé industriel et social de ce village. Constatant que des travaux avaient déjà été réalisés à ce sujet, je jugeais bon, en concertation avec le professeur Bernard DELPAL, de m’intéresser à la vie religieuse de Sainte Sigolène au XIX ème et XXème siècle.
Je décidais donc d’étudier l’histoire de ma commune, SAINTE SIGOLENE. Très vite, ce sujet se révéla d’une richesse dont je n’avais pas soupçonné toute l’ampleur au départ. Je m'obligeais à réduire mon champ chronologique au XIX ème siècle et plus précisément de 1801 à 1906.

Je tiens à témoigner ma reconnaissance à toutes les personnes qui ont contribué à l’élaboration de ce mémoire :

mes remerciements vont
- aux personnels des archives départementales de Haute-Loire pour leur disponibilité,
- à Auguste Rivet, directeur du Centre Départemental Culturel de Haute-Loire,
- au Père Habouzit, archiviste diocésain,
- à Auguste Januel, président de la Société d’Histoire de Ste Sigolène,
- à Jean Muthuon et Jean Marc Durieu pour m’avoir laissé consulter les archives privées de la confrérie des Pénitents de Sainte Sigolène,
- au Père Trincal, curé de Sainte Sigolène, pour m’avoir ouvert le fonds des archives paroissiales, certes en désordre mais précieuses,
- à mon père pour son implication dans le projet.



Introduction


La paroisse de Sainte Sigolène apparaît en 1164 dans une bulle du pape Alexandre III, “confirmant les privilèges et libertés données et concédées par les rois de France à l’évêque du Puy et son église”. Plusieurs paroisses sont citées dont “ECCLESIAM SANCTE SEGOULENE”. L’évêque, comte du Velay, possède personnellement le mandement de Sainte Sigolène, un château fort avec la plus grande partie de la paroisse et d’autres terres sur les communes de Lapte et de Grazac.
Le village des Villettes quant à lui est rattaché religieusement et civilement à Sainte Sigolène jusqu’à la moitié du XIXème siècle; il sera érigé en paroisse en 1847, puis en commune en 1860.

Pour connaître la vie de la Sainte qui a donné son nom à la commune de Ste Sigolène vous pouvez vous adresser à la Société d’histoire, 4 rue lieutenant Januel, qui tient une permanence le samedi.                

Tél 04 71 58 42 92

Vous pourrez y consulter des documents et parmi ceux-ci, les cinq cités ci-dessous qu’il est possible d’emprunter :

1- la brochure : SAINTE SIGOLENE, fondatrice du Troclar, par Marie Claude. et Pierre. CABOT, initiateurs des fouilles qui ont eut lieu à l’emplacement du monastère du Troclar à Lagrave, près d’Albi, fouilles qui ont bouleversé quelque peu les connaissances que nous avions de notre patronne.
2- le fascicule d’un groupe de chercheurs, dont les principaux sont Nelly Pousthomis, Pierre et Marie Claude Cabot ainsi qu’Isabelle Réal  aidés par B. Poustthomis, C. Chopin, M. Barrère, Francis Dieulafait et J. Lapart. L’étude nous plonge au VIIème siècle, à l’époque où vivait la sainte.  
3- si vous possédez un lecteur de DVD, visionnez la vidéo d’un amateur qui tente de résumer ce qu’il a appris de la sainte sur les communes de Lagrave et sur celle de Ste Sigolène.
4- A ces repères viennent s’ajouter tout naturellement les bulletins municipaux et les “Chroniques de la Bedoueïre” de la société d’Histoire.
5-  Enfin le mémoire qui suit cette introduction
 
 
La recherche a porté sur le XIXème siècle.
Pourquoi  ?
L’histoire de notre paroisse est très fragmentaire et cela tient à trois raisons :
 La première s’explique par l’incendie presque total du village de Ste Sigolène en 1595 qui fit disparaître toutes les archives paroissiales et communales. La société d’histoire dispose de documents relatant cet évènement.
 La deuxième se résume par l’absence d’un patrimoine bâti moyenâgeux. Le château fort de la Tour, par exemple, fut très vite abandonné par les Seigneurs de Ste Sigolène. Implanté dans les gorges de la Dunière, il était beaucoup trop vulnérable aux tirs de canon. D’ailleurs les soldats de Richelieu n’eurent pas de mal à démolir sa toiture pour le rendre inutilisable.
 Enfin, la troisième raison tient à des motifs administratifs. Il n’est pas possible de consulter des archives qui ne sont pas classées. Or, le chantier du futur Centre des archives historiques diocésaines n’était pas encore achevé en 2002. Les documents restaient encore entreposés dans des locaux inadaptés. A cela s’ajoute le fait qu’on ne peut pas non plus consulter des archives qui n’ont pas cent ans d’âge.

Faute d’un large tour d’horizon sur l’Histoire de la paroisse de Sainte Sigolène, nous nous contenterons des faits marquants survenus pendant le dix-neuvième siècle.


Titre du mémoire :


«La paroisse de Sainte Sigolène face à la

marche du siècle : 1801 - 1906»


par Emmanuel GRANGE

 

 

Le concordat

 

.................

La Révolution Française de 1789 avait ouvert une brèche dans l’édifice traditionnel des relations entre Eglises et société. L’ordre ancien fondé sur le principe de la Religion d’Etat était bouleversé. L’article X de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen adopté le 26 août 1789 avait opéré une véritable rupture : « Nul ne peut être inquiété pour ses opinions même religieuses » Pour la première fois, en Europe, « l’appartenance confessionnelle ne sera plus la mesure des droits individuels, ni la condition de la citoyenneté ».

A l’arrivée au pouvoir de Napoléon Bonaparte en novembre 1799, l’Eglise de France est délabrée. Trois raisons peuvent être avancées :
- le vandalisme révolutionnaire,
- le schisme dû à la Constitution civile du clergé (transformation des prêtres paroissiaux en fonctionnaires publics ecclésiastiques et abolition des vœux de religion supprimant ainsi 100000 moines, religieux et religieuses non rattachés à une paroisse)
- la déprêtrisation opérée pendant la Terreur.
Pour effacer le lourd contentieux lié à la Révolution, Bonaparte signe avec le pape Pie VII une convention le 26 messidor an IX. C’est un acte diplomatique d’entente entre deux pouvoirs de nature différente : temporel et spirituel. Le Concordat est voulu par Bonaparte pour rétablir la paix religieuse en France mais aussi pour contrôler le fonctionnement et les orientations politiques de l’Eglise de France. Napoléon souhaite que la pacification religieuse permette de venir à bout des troubles civils. Cet acte marque la fin du schisme, la réconciliation de la France révolutionnaire avec l’Eglise et accroît le prestige du successeur de Pierre. La négociation fut cependant difficile puisque l’Eglise de France était placée sous la surveillance étroite de l’Etat.
Pie VII signe l’accord le 15 août 1801, Bonaparte le 8 septembre de la même année. Le Concordat rétablit le culte catholique mais ne se prononce pas sur la revendication de l’Eglise catholique qui veut être reconnue comme une institution détenant la vérité ; le catholicisme est seulement considéré comme « la religion de la grande majorité des Français ». Il met ainsi sur un même pied d’égalité les différentes confessions. L’Eglise renonce aux biens nationaux (biens confisqués à l’Eglise) et en parallèle, l’Etat entretient les titulaires du diocèse et des cures. Une sorte de fonctionnarisation du clergé s’opère puisque le chef de l’Etat nomme les évêques et le pape leur accorde l’investiture canonique. C’est dorénavant un laïc qui dirige le clergé français en la personne du ministre des Cultes. La liturgie, l’exercice du culte et l’enseignement religieux sont ainsi réglementés.

La première borne chronologique de notre étude correspond donc à la conclusion du Concordat car c’est un événement structurant pour l’Eglise et la société française tout entière. C’est une borne, pas un rempart. A la fin du XIX siècle d’autres bouleversements encore plus profonds atteindront les relations entre la République française et l’Eglise catholique.

 

Concordat devient discordat

Bien que l’aménagement, voire la suppression du Concordat soit soulevée plus d’une fois, le régime concordataire se révèle durable. La IIIème République attendra plus d’un quart de siècle pour mettre en application son programme anti-concordataire.

De 1880 à 1906, les relations entre la République française et l’Eglise catholique sont à plusieurs reprises extrêmement tendues. L’idéologie officielle entend poser les bases d’un Etat laïc, dégagé de toute influence religieuse en faisant de la religion une affaire strictement personnelle.
Le programme de laïcisation de l’école occasionne la perturbation la plus importante. Le système d’éducation à base religieuse du XIXème siècle est récusé par la nouvelle génération positiviste qui crée une Ecole laïque fondée sur la science, la raison et le patriotisme. La majorité républicaine conduite par Ferry, Gambetta, Paul Bert et René Goblet mène une vaste entreprise de sécularisation au cours des années 1880. Conscients de l’attachement des Français à leurs croyances religieuses, ils ont l’intelligence de  paraître ménager l’Eglise catholique tout en fustigeant le cléricalisme.
L’exercice du catholicisme dans le cadre paroissial va être modifié par les républicains. En 1884, une loi municipale restreint, entre autres choses, les obligations des communes à l’égard des “ Fabriques “ , organisme de gestion du temporel des paroisses.
Avec l’avènement de la République laïque, la séparation de l’Eglise et de l’Etat semblait de plus en plus inéluctable. En 1902, sous un pape réputé conciliant, Pie X, Emile Combes engage le gouvernement français dans la querelle du « nobis nominavit ». (L'interprétation des termes du concordat de 1801 relatifs aux pouvoirs respectifs du chef de l'État français et du pape pour la nomination des évêques fit l'objet en 1902-1903 d'une querelle qui assombrit les rapports de la Troisième République avec le Saint-Siège.)
Les protestations du Souverain Pontife lors de la venue du président Loubet au Vatican servent à Combes de prétexte pour couper toutes relations diplomatiques avec Rome (30 juillet 1904). Selon l’expression de Clémenceau, le Concordat devient un discordat puisqu’on n’arrive même plus à nommer les évêques. Le 4 septembre 1904, à Auxerre, Combes annonce que la séparation de l’Eglise et de l’Etat est imminente. Il dépose à ce sujet un projet de loi en novembre, mais obligé de se retirer le 18 janvier 1905 à cause de l’affaire des fiches (18818 fiches sur les opinions politiques et religieuses des officiers sont établies où l’épithète “clérical” ou sa variante “jésuite” reviennent le plus souvent), c’est le ministre Rouvier qui prend en charge la mission d’accomplir la  «Séparation ».

Après les excès du « combisme », les républicains modérés veulent faire une loi de séparation plus libérale. Cette loi dénonçant la pratique concordataire vieille de plus d’un siècle, est approuvée par le sénat le 9 décembre 1905 par 179 voix contre 105.
Cet acte prévoit que « la République assure la liberté de conscience » et « garantit le libre exercice des cultes ». Mais la formule « la République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte » rompt radicalement avec le passé et érige le principe de sécularisation en règle absolue. Si Pie X s’était opposé aussi fermement à l’application de la loi, c’était surtout parce que la constitution d’associations cultuelles, ne tenant pas compte de la hiérarchisation de l’Eglise, réitérait selon lui l’erreur de la Constitution civile du clergé.
La loi de Séparation fut adoptée dans un climat de tension tel que les arrières pensées prêtées à ses auteurs suscitèrent la défiance de la majorité du clergé et des fidèles. L’inventaire des églises qui ne devait être qu’une formalité, donna lieu, le 2 janvier 1906, à une instruction de la Direction Générale de l’Enregistrement qui prescrivait à ses agents de demander aux prêtres présents à l’opération d’ouvrir les tabernacles. Ce document irrita la presse catholique qui dénonça ardemment la profanation et jugeait qu’il annonçait la spoliation. Offusqués par ce qu’ils appelaient « un cambriolage légal », les paroissiens de France se regroupèrent pour défendre leur église.

La mobilisation des « Inventaires » annonçait d’autres rassemblements de catholiques et marqua l’existence d’un militantisme d’un type nouveau.



La longue marche du siècle


La longue marche du XIXème siècle vers la modernité.

Après le saut de puce accompli au cours du dernier chapitre entre la fin du XVIII ème siècle et le début du XXème, revenons à SAINTE SIGOLENE, petit village du nord-est du Velay, situé sur un plateau à 800 m d’altitude, à 45 kms du Puy et 35 kms de St Etienne.
Administrativement, Sainte Sigolène est sous la dépendance du chef-lieu d’arrondissement, Yssingeaux et du chef-lieu de canton, Monistrol sur Loire. Au niveau religieux, la paroisse est liée au diocèse du Puy en Velay et à l’archiprêtré de Monistrol.

Bien qu’elles ne semblent pas avoir marqué les mentalités et les pratiques religieuses, les vicissitudes historiques de l’organisation diocésaine du département de la Haute-Loire doivent être rapidement exposées. En 1801, l’évêché du Puy ne fut pas rétabli et le département de la Haute-Loire fut rattaché en bloc à l’évêché de Saint Flour pour des raisons plus politiques que géographiques. Sous la Restauration, le diocèse du Puy fut reconstitué à la suite du Concordat de 1817. Mais il faut attendre 1823 pour que notre diocèse retrouve son autonomie et un évêque en la personne de Maurice Bonald.

Le bourg de Sainte Sigolène est tout à fait représentatif de l’organisation de l’espace français puisque le pays est jusqu’en 1880 à 70% rural. Au début du XIXème, le sous-préfet d’Yssingeaux présentait la commune comme « un pays coupé de ravins, de gorges, où les communications sont pénibles ». L’isolement de Sainte Sigolène maintes fois constaté par les préfets est aggravé par les données climatiques rudes. Annuellement recouverte de neige « la Montagne » doit s’adapter aux conséquences d’une situation géographique particulière.
Sainte Sigolène est marquée par la forte dispersion de la population au sein de la commune. Les habitants se répartissent dans une quarantaine de hameaux et plusieurs fermes isolées. En 1820, alors que la commune recensait 2469 habitants, le bourg n’abritait que 368 personnes. Mais très vite l’essor de la passementerie tendra à bouleverser cette répartition spatiale.

L’isolement géographique et les difficultés de communication concouraient à affirmer que cet espace n’était pas adapté aux exigences de l’industrie. L’activité agricole était la plus répandue.
Introduit dans les campagnes du Velay dès le milieu du XVIème siècle par l’intermédiaire du Vicomte de Joyeuse, le tissage gagne Sainte Sigolène à la fin de ce siècle. Par nécessité, la population trouve dans l’industrie un salaire d’appoint. Dans les années 1880, un certain nombre de citadins s’installe dans le bourg. Ce phénomène contribue à l’essor de la passementerie et une concentration d’ouvriers du textile s’opère dans les rues comme dans de nombreux  hameaux : Reveyrolles ou le Pinet par exemple.

Cette étude essaiera d’aller sans cesse du particulier au général, en montrant l’impact de l’autorité diocésaine sur la paroisse ou encore celle de la préfecture sur la mairie à propos des questions touchant au fait religieux. Ce travail devrait permettre de prendre en considération la singularité paroissiale de Sainte Sigolène au sein de la chrétienté rurale de la Haute-Loire. L’analyse d’une paroisse nous permettra d’approcher la mise en application des prescriptions émanant de l’évêché et de Rome.
Le comportement des fidèles et l’assise de la foi dans cette chrétienté rurale semblent solidement ancrés sur un ensemble de croyances et de pratiques cultuelles. Pourtant l’adhésion quasi unanime des populations à « la foi des pères » ne va pas sans renouvellement et mutations. Nous montrerons comment les pasteurs de Sainte Sigolène prennent en compte et participent au changement novateur.
Dès lors, la vision traditionnelle des campagnes embourbées dans l’immobilisme s’effondre même si des pesanteurs anciennes subsistent. La longue marche du XIXème siècle vers la modernité est entamée, marquée par des temps de refus et d’acceptation résignée.



Limites et axes de l'étude

Pour l’Eglise, la campagne est souvent un bastion de chrétienté où croyances et rites sont préservés et où l’autorité pastorale est respectée. L’arrondissement d’Yssingeaux, moins réceptif aux influences extérieures que l’arrondissement de Brioude, est resté tenacement fidèle  aux préceptes de l’Eglise. Sainte Sigolène, située dans une terre de chrétienté reçoit au cours du XIX ème siècle le qualificatif de « bon pays ». La paroisse ne semble pas touchée par le phénomène de désaffection religieuse.
Officiellement l’Eglise considère le peuple chrétien comme une entité homogène. Néanmoins, des distinctions sont nécessaires pour mieux appréhender le « troupeau » confié aux pasteurs sigolénois. On se rendra compte par exemple que les femmes s’engagent différemment que les hommes dans la spiritualité et l’exercice de la Foi.
La vie religieuse des Sigolénois a été étroitement mise en rapport avec le reste de la vie afin de ne pas isoler la spiritualité de l’environnement quotidien. Il convient aussi de ne pas trop séparer les formes dites folkloriques du culte des aspects plus officiels. On aura l’occasion de survoler les formes d’expression de la quête du merveilleux qui foisonnent dans les campagnes et certaines manifestations de l’irrationnel.

La recherche engagée pose d’autres questions complémentaires.
Comment se construit ou se reconstruit l’unanimisme religieux dans la petite patrie ? Comment accéder à la compréhension d’un monde aujourd’hui disparu ?
Comment les pouvoirs civils et religieux se disputent-ils l’espace paroissial, premier fondement de la vie communautaire ?

Entreprendre un travail de recherche en histoire religieuse implique de confronter les archives émanant de différentes institutions de l’Eglise (paroissiales, diocésaines, archives des congrégations, des confréries, …) aux archives publiques (communales, départementales).
L’étude ne conduira pas des recherches sur tous les fonds archivistiques. Notre investigation s’est portée sur les sources départementales puis communales. La nature du sujet nécessitait l’analyse des archives ecclésiastiques mais l’accès aux archives diocésaines fut très limité aussi bien en terme quantitatif, qualitatif que chronologique. Ceci tient à deux raisons principales. Le chantier du futur centre des archives diocésaines n’était pas encore achevé et les documents sont pour l’instant entreposés dans plusieurs dépôts provisoires. Seuls les «ordos» diocésains et les registres paroissiaux sont actuellement consultables. Les registres paroissiaux de Ste Sigolène conservés au Puy ne couvrent malheureusement pas les années précédant 1860. Conformément à la prescription de cent ans sur des archives nominatives, l’Evêque du Puy-en-Velay n’a pas accordé de dérogation pour accéder aux registres paroissiaux postérieurs à 1902. A cela s’ajoute le fait que l’incendie presque total du village de Ste Sigolène en 1595 fit disparaître toutes les archives paroissiales et communales.

Heureusement l’examen des archives émanant de la confrérie des pénitents blancs de Sainte Sigolène et la consultation des documents conservés par l’historien Auguste RIVET, au Centre Départemental de Haute-Loire, ont permis d’étoffer les recherches. Pour être complet, il aurait fallu consulter les archives des congrégations religieuses présentes sur Sainte Sigolène ainsi que celles des écoles privées et publiques mais la masse documentaire déjà collectée était largement suffisante pour rendre l’étude viable au niveau scientifique et historique.

Les axes de recherche

L’étude s’articulera à partir de quatre axes.
La première partie nous permettra d’évaluer la réalité de la structure paroissiale. Au cours du XIX ème siècle, la paroisse de Sainte Sigolène est l’horizon quotidien de la grande majorité des habitants. L’union entre la religion catholique et la communauté villageoise se tisse au sein d’un « îlot de chrétienté » marqué par l’esprit de localité. Mais les mutations du paysage monumental sigolénois (église, cimetière, ...) et « l’émancipation paroissiale » des Villettes montrent que la paroisse est une structure en mouvement, particulièrement durant la première moitié du XIX ème siècle.

Ensuite nous nous attacherons à montrer que l’encadrement de l’espace délimité et meublé par l’Eglise s’adapte à la modernisation paroissiale et à la pratique concordataire. La conduite de la paroisse confère un statut spécial et une autorité sociale indiscutable au prêtre en charge de Sainte Sigolène. Acteur incontournable de la vie communautaire villageoise, le desservant est soutenu dans sa mission pastorale par des concours ecclésiastiques et laïcs.

L’étude de la « Fabrique » (organisme de gestion paroissiale) permettra de mettre en lumière la gérance du temporel de l’église et d’analyser sous un angle particulier la vie paroissiale qui associe tous les habitants.

Enfin, au cours du XIX ème siècle, l’Eglise devra relever des défis de nature différente : fidèle à sa mission d’enseignement et d’assistance, l’Eglise tente de maintenir son monopole grâce à l’action des congrégations.
Par le biais du Bureau de Bienfaisance et de l’hospice des Sœurs de la Croix, l’Eglise s’affirme comme le véritable Centre Social du village. Les congrégations enseignantes (Sœurs de St Joseph et Frères du Sacré-Cœur) avec les Béates offraient un recours à l’illettrisme des  populations campagnardes. Mais la République laïque contestera la prédominance exercée par la religion sur l’enseignement.
Face au quasi monopole sur les biens symboliques et idéologiques dont disposait le clergé, l’Ecole laïque introduit d’autres sources de savoir et surtout une autre rationalité. Pourtant, à l’annonce de la Séparation de l’Eglise et de l’Etat, et plus particulièrement des Inventaires, Sainte Sigolène est le théâtre d’une révolte des paroissiens pour défendre les prérogatives du clergé et surtout de « leur église ».